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Une sorte de génie

Louis XIV par Hyacinthe Rigaud

Les élèves que j’ai eu le plaisir d’avoir, ou, selon le point de vue adopté, qui ont eu le malheur de me subir ces dernières années, le savent. Louis XIV n’est pas un personnage que j’affectionne particulièrement. Il était imbu de lui-même, guerrier, et manipulateur et de ce règne glorieux, la mémoire nationale a oublié le terrible hiver de 1709 et les guerres permanentes.

Ce qu’on retient, c’est Versailles, Molière, Mme de Sévigné, Racine, Corneille … mais aussi Lulli, Saint-Simon, Bossuet, Fénelon ou Mme de La Fayette. Si les premiers ont toujours les honneurs des manuels scolaires, les seconds sont moins lus aujourd’hui, mais participent pleinement à l’image que nous avons du règne. Dans le film de Sacha Guitry, Si Versailles m’était conté, on entend Mme de Sévigné dire cette phrase si simple et pourtant si pénétrante : « En fait, Messieurs, Louis XIV, c’est nous ! » Rares sont les moments de l’histoire où un espace aussi petit que la cour a rassemblé autant de talents différents. Avoir autour de soi, autant d’artistes, d’écrivains, de peintres ou de musiciens de qualité est en soi une sorte de génie. Nul ne saurait priver le grand roi de cette réussite : il savait s’entourer.

Depuis quelques semaines, le château de Versailles présente une exposition des plus intéressantes, « Louis XIV, l’homme et le roi ». Loin des images connues, les conservateurs ont choisi de présenter au public les goûts de Sa Majesté. Le visiteur est accueilli par le magnifique buste du souverain par le Bernin. Ce grand artiste italien, venu en France pour donner ses projets pour la colonnade du Louvre, a réalisé un chef d’œuvre politique. Le roi, flottant dans un nuage de dentelles, semble au dessus de ses sujets qu’il ne daigne même pas honorer d’un regard. Partout dans l’exposition, on retrouve la figure royale, en buste, avec Coysevox, en pied et en majesté avec le très célèbre portrait de Hyacinthe Rigaud. Cette œuvre, manifeste au plus haut point la majesté royale. Réalisé pour Philippe V, nouveau roi d’Espagne et petit fils du monarque français, ce tableau donne l’image d’un prince sûr de son pouvoir, exhibant sa superbe aux yeux des étrangers. Cette représentation lui plut tellement qui la garda à Versailles.

Louis XIV n’est jamais plus roi que lorsqu’il est homme. Ses goûts intimes servent à magnifier sa gloire. Philippe Beaussant a déjà longuement insisté sur le plaisir qu’avait le roi à se montrer lors de ballets. L’exposition présente d’ailleurs un costume qu’il aurait pu porter lors de ses représentations. La danse est un moyen pour le souverain de se donner à voir aux courtisans qui saisissent sans mal la signification politique des allégories que le spectacle représente. Apollon, Jupiter sont des métaphores du roi, l’Olympe devient la Cour et elle manifeste sa soumission à ce pouvoir divin en dansant sous ses ordres. Le dernier domaine qui relève du plaisir personnel du roi est l’art des jardins. André Le Nôtre, le génial jardinier, est l’auteur des plus célèbres bosquets du parc de Versailles. Lors des visites qu’il aimait faire, le roi montrait à ses spectateurs ébahis, sa capacité à dominer la nature et laissait aussi passer quelques messages plus politiques. La fontaine de l’Encelade, une des plus belles de Versailles, montre un géant enseveli sous les pierres pour avoir osé défier Jupiter. Un visiteur ne pouvait qu’y voir un avertissement contre toute tentative de révolte contre l’autorité royale.

Roi absolu, Louis XIV n’en reste pas moins un homme sensible et, en contrepoint à l’exposition du château de Versailles, la lecture du dernier opus d’Olivier Chaline permet de montrer le souverain sous un autre jour. Les conservateurs ont montré que le roi utilisait son goût personnel pour l’art pictural ou topiaire pour magnifier son règne tout en favorisant la création. L’historien montre, lui, que derrière le prince magnifique, l’homme vit toujours et que la mort en quelques mois de son fils, Monseigneur, du duc et de la duchesse de Bourgogne, et du petit duc de Bretagne, son arrière-petit-fils, l’affecte au plus profond de son être. L’étiquette devient un moyen de palier la douleur qu’il ressent. Mais les différents épisodes relatés par le duc de Saint-Simon et repris par Olivier Chaline, ne laissent plus de doute, le roi n’est pas qu’une image, mais un être de chair et de sentiments. Lui dont on dit pourtant qu’un jour il lança sa canne par la fenêtre plutôt que de hausser le ton sur un courtisan importun, ne retient plus ses larmes et de roi redevient père, atteint par la perte de ses enfants.

Cette figure majeure de l’histoire de France tend à retrouver de la vie qu’elle avait perdue au profit de l’image d’Epinal. Les expositions et l’historiographie actuelle nous invitent à redécouvrir ce personnage que nous pensons pourtant si connu. Maintenant il nous reste à redonner vie et sens au reste de l’histoire, c’est une tâche lourde, mais au combien exaltante qu’il nous reste à faire !

« Louis XIV, l’homme et le roi », Exposition du Château de Versailles, 20 octobre 2009 – 7 février 2010.

Olivier Chaline, L’année des quatre Dauphins, Paris, Flammarion, 2009.

Olivier Andurand, le 21/12/2009.

J’aurais pu vous en parler ...

Portrait du pape Paul III, par Titien - Le Seigneur de l'Au-Delà, Mexico, Musée national d'Anthropologie

Cette rentrée offre beaucoup d’expositions intéressantes et de spectacles tant à l’opéra qu’au théâtre.

J’aurais pu vous parler de la reprise du Barbier de Séville de Rossini à l’opéra Bastille. Les costumes sont merveilleux, les décors splendides et les chanteurs de grand talent. Le comte Almaviva est un excellent ténor, mais il se révèle aussi un n°10 assez bon. Voir ce chanteur, habillé en janissaire pendant toute la durée de la pièce, enlever subitement son boléro pour montrer à un public ébahi un maillot de footballeur, voilà qui est surprenant et qui mériterait un édito à part entière.

Ceux qui me connaissent un peu se doutent aussi du sujet qui me plait en ce moment. Le Louvre présente depuis quelques semaines une exposition consacrée à Titien, Tintoret, et Véronèse, voilà de quoi me faire écrire des pages entières. J’aurais pu vous en parler longuement. Le musée présente des toiles venant des quatre coins du monde ; Naples, Londres, Philadelphie et Madrid ont prêté des œuvres pour le plus grand plaisir des visiteurs. Mais loin d’être aussi fabuleuse que je l’espérais, elle n’est qu’une amplification de celle du Musée du Luxembourg de 2006. Et comme à chaque fois dans le hall Napoléon, il y a énormément de monde, les œuvres ne sont pas idéalement présentées. On ressort donc du Louvre avec un sentiment mitigé. Sur le bulletin des concepteurs de l’exposition, il faudrait écrire « De l’idée, mais peut mieux faire… »

J’aurais aussi pu vous parler de la présentation des toiles de Renoir au Grand Palais, ou faire un édito sur cette fin d’année 2009 si riche en commémorations importantes : les 60 ans de la révolution chinoise, les 20 ans de la chute du mur de Berlin. Tout cela aurait fait de très bons sujets.

Mais non, il fallait un peu d’exotisme pour oublier la rentrée et le début de l’automne.

Le musée du Quai Branly propose à ses visiteurs une rétrospective sur la grande cité mexicaine de Teotihuacán. C’est bien loin de mes horizons habituels mais les articles que j’ai pu voir dans la presse ont éveillé ma curiosité. Ville mythique d’une civilisation qui l’est tout autant, la cité a été fondée vers 300 av. J.-C. D’après la mythologie, c’est dans ce lieu que les dieux se seraient réunis pour créer le monde. Centre religieux de très grande importance, Teotihuacán est célèbre pour ses pyramides à degrés en haut desquels on pratiquait les sacrifices humains. Les victimes avaient le cœur arraché, encore chaud, il était offert en offrande au Soleil, alors que le sang, ruisselant le long du temple, allait nourrir la Terre. Ces rites ont paru particulièrement barbares aux conquistadors qui arrivèrent au XVIe siècle, mais ils répondaient pourtant à une cosmogonie très complexe et d’une grande richesse.

L’exposition permet de franchir le temps et de partir à la découverte de la civilisation mésoaméricaine. Les jeunes de ma génération en ont fait connaissance  avec la série de dessins-animés des années 80, Les Mystérieuses Cités d’or. Bien faite, cette saga présentait à la fin de chaque épisode un petit reportage (qui a beaucoup vieilli aujourd’hui) permettant aux jeunes spectateurs de distinguer ce qui relevait de la fiction et de la réalité. Maintenant il est possible de se replonger dans ce monde qui a servi de toile de fond à des aventures qui nous ont fait rêver. Le Quai Branly nous permet donc d’admirer des masques de jade de toute beauté, des sculptures déroutantes des divinités aztèques comme le grand dieu Quetzalcóatl, un serpent stylisé avec une couronne de plumes. On peut aussi contempler des magnifiques vases en terre cuite dont la polychromie est encore parfaitement conservée. Par certains aspects, que les spécialistes me pardonnent, mais ces dessins me font parfois penser aux fresques des palais crétois de l’époque minoenne. Le parallèle est surement hautement hérétique à qui connaît bien le sujet, mais pour un béotien comme moi, on retrouve les mêmes gestes, des couleurs similaires, seul le support diffère.

Cette exposition nous invite donc à considérer les richesses d’un ailleurs dont la puissance artistique a inspiré le renouveau de la littérature au XXe siècle avec Antonin Artaud ou André Breton, par exemple, et qui a influencé la peinture moderne à travers Rivera ou encore Frida Kahlo.

Teotihuacan, Cité des Dieux, Musée du Quai Branly, du 6 octobre 2009 au 24 janvier 2010.

Titien, Tintoret, Véronèse... Rivalités à Venise, Musée du Louvre, Paris, du 17 septembre 2009 au 04 janvier 2010.

Olivier Andurand, le 11/10/2009.

Ballade à Port-Royal des Champs

Vue de l'abbaye de Port-Royal des Champs, Philippe de Champaigne

Il y a 300 ans, le monastère de Port-Royal des Champs était fermé sur l’ordre de Louis XIV. Voilà ce que le duc de Saint-Simon, qui pour une fois reste sobre dans sa critique, dit de cet événement : « Il fut donc rendu un arrêt du Conseil en vertu duquel, la nuit du 28 au 29 octobre, l'abbaye de Port-Royal des Champs se trouva secrètement investie par des détachements des régiments des gardes françaises et suisses, et, vers le milieu de la matinée du 29, d'Argenson arriva dans l'abbaye avec des escouades du guet et d'archers : il se fit ouvrir les portes, fit assembler toute la communauté au chapitre, montra une lettre de cachet, et, sans leur donner plus d'un quart d'heure, l'enleva toute entière. Il avait amené force carrosses attelés, avec une femme d'âge dans chacun : il y distribua les religieuses suivant les lieux de leur destination, qui étaient différents monastères à dix, à vingt, à trente, à quarante, et jusqu’à cinquante lieues du leur, et les fit partir de la sorte, chaque carrosse accompagné de quelques archers à cheval, comme on enlève des créatures publiques d'un mauvais lieu. »

La dispersion des soeurs et la destruction du monastère a marqué un tournant dans la vie des jansénistes. Cette abbaye, perdue au milieu de la vallée de Chevreuse à proximité du village de Magny-les-Hameaux, a été un des haut-lieux de la spiritualité du XVIIe siècle. Participant à la Contre-réforme, les religieuses et les Messieurs ont décidé de vivre leur foi en se retirant du monde, de consacrer leur vie à l’étude et à la prière. Le rayonnement de Port-Royal a été grand, Jean Racine y a été formé et ses œuvres sont largement empreintes de l’esprit du lieu.

Aujourd’hui, cette belle vallée est devenue un lieu de mémoire pour certains, et un musée pour tous. On y présente dans un cadre magnifique les reliques des grands noms du mouvement port-royaliste, mais aussi des livres, des tableaux et pour quelques jours encore une magnifique exposition de trois maîtres de la peinture française du XVIIe siècle : Philippe de Champaigne, Jean-Baptiste de Champaigne et Nicolas de Plattemontagne.

Les dessins exposés aux Champs présentent les travaux préparatoires de ces artistes et montrent leur technique virtuose. On y voit naturellement beaucoup de scènes religieuses, l’Eglise étant un grand commanditaire, mais on comprend aussi comment naît une œuvre. Ceci est particulièrement visible pour le tableau Saint Gervais et Saint Protais apparaissant à Saint Ambroise (Paris, musée du Louvre). Philippe compose sa première esquisse, les saints ont les bras le long du corps, l’espace est fixé, mais le mouvement est absent. Dans un deuxième temps, il retravaille Gervais et Protais et leur fait lever les bras. Finalement, dans le modelo du Louvre, les personnages ont acquis par cette réflexion une dynamique propre à entrainer le tableau et à renforcer le sens symbolique de l’œuvre.

L’exposition présente aussi quatre feuilles explorant une dimension peu connue de l’œuvre de Philippe de Champaigne: le paysage. Une feuille attire en particulier l’attention, il s’agit de la vue de l’abbaye de Port-Royal des Champs conservées aux Beaux-Arts de Paris. Cette feuille presque inconnue jusqu’alors vient de retrouver son auteur, mais aussi son sujet et sa datation, par un travail d’analyse absolument exemplaire que le conservateur du Musée des Granges, Philippe Luez, évoque avec maestria.

J’ai vu cette exposition un peu tard, elle se termine d’ici mais un très beau catalogue a été édité. Il est d’autant plus précieux que les dessins sont des œuvres qu’il est difficile d’exposer. Comme le rappelle le conservateur, lorsqu’une feuille est exposée pour une présentation, il est tout à fait possible qu’elle ne sorte plus des cartons pendant plusieurs dizaines d’années. C’est donc une chance de pouvoir les admirer et il ne faut pas passer à coté.

L’été parisien va donner à ceux qui auront le plaisir de passer quelques jours dans la capitale de quoi les occuper. Une très belle exposition sur Calder à Beaubourg, et dans le même temps et le même lieu une présentation qui m’a moins plu sur Kandinsky. Il y a tant de choses à découvrir qu’un été ne suffira pas, mais malgré tout, il faut souligner un dernier événement : Voir l’Italie et mourir. C’est une exposition qui a lieu en ce moment à Orsay. Le titre n’est pas révélateur de la beauté du contenu !

Bon été à tous et surtout n’oubliez pas que le site de Port-Royal des Champs est une vraie perle ! Les randonneurs comme les curieux pourront y trouver beaucoup de plaisir et de fraicheur durant ces mois, que nous espérons tous, ensoleillés.

Musée de Port-Royal des Champs, Route des Granges, 78114 Magny-les-Hameaux.

Olivier Andurand, le 24/06/2009.

Les Portes du ciel

Horus

L’Egypte est un pays à part dans notre imaginaire. Pas besoin de longues démonstrations pour prouver cet état de fait: les expositions de ces derniers jours à Paris laissent une large place au pays des Pharaons. Elles connaissent un vrai succès, mérité, et très révélateur des liens particuliers entre France et Egypte.

A l’Institut du Monde Arabe, on voit le jeune général Bonaparte installé sur un dromadaire parcourant le désert égyptien, cette image ouvre une présentation consacrée à l’expédition du Directoire dans la vallée du Nil.

Cette exposition étant terminée aujourd’hui, je ne la décrirai pas en détail, mais elle signale de façon évidente que le goût de l’Egypte était fort au temps de Bonaparte. Si le Directoire envoie le jeune général en chef de l’Armée d’Italie si loin de la France, c’est pour couper une des bases-arrières anglaises, mais si Napoléon accepte c’est du côté du mythe qu’il faut chercher la raison. Bonaparte devient l’égal des grands conquérants, Jules César, Alexandre… sa mission ne revêt pas seulement un caractère militaire mais aussi un aspect scientifique. La France se livre à une étude approfondie de la civilisation égyptienne et en particulier à l’étude des hiéroglyphes.

On en connaît la triste histoire. Après la défaite des Français en Egypte, la pierre de Rosette, clef de voûte de la recherche égyptologique naissante, devait arriver à Londres dont elle n’est plus jamais sortie. Heureusement, c’est un Français, Jean-François Champollion, qui en a fait la première traduction et a été le premier à comprendre l’égyptien antique. Sans la pierre, loin de l’Egypte, Champollion est la preuve que le pays des Pharaons est omniprésent dans le monde français du XIXe siècle et aujourd’hui encore…

Les collections égyptiennes du Louvre sont très riches et c’est en partenariat avec d’autres grands musées européens, le Ägyptisches Museum de Berlin et le Bristish Museum de Londres, que l’actuelle présentation intitulée « Les Portes du ciel » a pu se monter.

C’est une exposition magnifique autour de la mort et des rites qui entourent le passage du défunt vers la vie éternelle. C’est aussi une réflexion sur la dialectique de la présence et de l’absence. Les Portes du ciel sont le nom que les Egyptiens de l’Antiquité donnaient aux portes qui fermaient le meuble sacré abritant la statue du dieu. En les ouvrant, le prêtre entrait en contact avec la divinité et en les fermant, il annonçait la renaissance future.

En présentant ces multiples œuvres d’art, les conservateurs nous invitent à entrer dans l’au-delà des Egyptiens. Nous y côtoyons Osiris, Horus et la grande déesse Isis, mais nous entrons aussi dans un monde qui a sa propre réalité et qu’il est possible de cartographier. Cette carte stupéfiante présente le chemin que l’âme du défunt doit parcourir avant d’arriver dans la demeure des dieux. Pour assurer la communication, et la communion, des deux mondes, certains lieux servaient de seuil, de passage privilégié, c’est le cas de la chapelle, qui souvent figure une série de portes enchâssées les unes dans les autres. Derrière, se trouve l’au-delà, le royaume des morts, qui devient presque sensible et concret par ce moyen.

Outre les analyses très intéressantes que cette exposition permet d’aborder, on peut surtout y admirer des œuvres d’une très grande beauté. Les statues en granit noir sont d’une pureté extraordinaire ; les couleurs, en particulier sur la stèle funéraire de la Dame Tapéret qui constitue le phare de la présentation, sont fortes et d’une grande modernité. Si les Egyptiens cherchaient à gagner le ciel, leur art nous permet de l’atteindre !

L’Egypte est donc toujours au cœur de notre actualité intellectuelle. Pour nombre de personnes, il y a deux pays qui font plus rêver que les autres. L’Italie, notre voisine et presque sœur, et l’Egypte, plus lointaine, mais qui semble tellement familière tant elle irrigue notre propre culture.

Les Portes du ciel, visions du monde dans l’Egypte ancienne, Paris, Musée du Louvre, 6 mars – 29 juin 2009

Olivier Andurand, le 07/04/2009.

Dans des contrées éloignées…

Giorgio de Chirico, Mystère et mélancolie d’une rue, 1914

Certains géographes disent, à raison d’ailleurs car ils ne peuvent pas toujours avoir tort, que l’espace n’est pas identique pour tout le monde. Chaque individu à ses propres repères familiers et ce qui est familier au premier ne l’est pas pour le second et réciproquement.

Ainsi, comme chaque parisien, j’ai mon espace vécu ; certains des arrondissements me sont presque totalement inconnus ; je ne cache pas que j’ai une certaine réticence à m’y rendre. Cependant la raison doit nous éclairer, il faut donc lutter contre toutes les formes de superstitions et de préjugés. En conséquense, c’est dans un but que n’aurait pas dédaigné Voltaire, rien que ça, que je me suis rendu dans un lieu qui ne fait pas parti de ma géographie familière.

Petite description qui vous permettra à coup sûr de découvrir quel endroit a reçu ma visite : les rues sont larges, vides, les trottoirs déserts et la chaleur humaine presque absente. On trouve dans ces rues quelques grosses voitures allemandes ou bien anglaises. Si je vous dis que cet arrondissement fait face à la Tour Eiffel, vous l’aurez deviné, il s’agit du sémillant XVIe arrondissement de notre magnifique capitale.

Mon masochisme étant très limité, je ne suis pas allé là-bas pour avoir le plaisir de contempler la nonciature apostolique ou les statues de la place de Varsovie. Non, je voulais voir l’exposition actuellement présentée au Palais de Tokyo, plus connu aujourd’hui sous le nom de Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Il y avait donc foule, avenue du Président Wilson. Il faut dire que la présentation Giorgio de Chirico était très attendue, cela faisait au moins vingt ans que le public français n’avait pas pu admirer ce peintre italien.

Chirico se disait peintre « métaphysique », mais il reste assez accessible. S’il est proche des surréalistes et des futuristes, il conserve, à mon sens, une identité propre qui le rend difficilement classable. L’œuvre présentée fait écho à l’expo Le Futurisme à Paris, une avant-garde explosive ainsi qu’à la grande rétrospective Picasso du Grand Palais. On voit en effet, l’évolution de la technique picturale de Chirico ainsi que les œuvres qui l’ont inspiré. De l’Antiquité à Titien, toutes les grandes toiles qui ont marqué l’histoire de l’art italien, et donc mondial, ont été réinterprétées par le peintre pour lui donner une actualité plus forte.

L’art moderne et contemporain ne fait pas partie de mon paysage artistique familier. Malgré tout, je dois confesser que depuis quelques temps, je me risque vers les zones les plus obscures de cet art contemporain.

Avant de rendre visite au peintre « métaphysique », je me suis lancé dans une expérience « liturgique. » Un artiste ukrainien, Oleg Kunic, a réinterprété les Vêpres de la Vierge de Monteverdi au théâtre du Châtelet.

La musique était divine avec une mise en scène, pour le moins, déroutante. Avant le début du spectacle, l’ensemble du personnel du théâtre était habillé en moine, avec de grosses clefs autour du cou. Une fois le public assis, un homme avec une barde de pope, ledit Oleg Kunic, monte sur scène pour avertir le spectateur qu’il va assister à une  première expérience de « liturgie spatiale. » Les musiciens avaient des miroirs sur la tête et il y a avait un grand panneau de plastique au-dessus de l’orchestre. J’avoue bien volontiers que la séance a été dure. Le moment le plus terrible a tout de même été de voir un danseur en train de se démonter les hanches à faire des acrobaties en entendant un air comme « Laudate Pueri » ou « Ave Stella Maris »… Malgré tout, il y a eu des moments de grâce véritable, et la mise en scène ne gênait en rien la magie de la musique. Le plus amusant reste quand même l’entracte. La salle avait interdiction d’applaudir, et pendant la pause, une espèce de musique bizarre emplissait le théâtre.

Les contrées de l’art contemporain restent donc pour moi très difficile à saisir, mais j’incite, tous ceux qui sont un peu réticents à ces manifestations, à aller tout de même les voir. Qui sait, peut être y trouveront-ils de beaux moments qui pourront les amener vers un changement d’avis… et un bon moment ne se refuse jamais !

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. 11, avenue du Président Wilson 75116 Paris.

Olivier Andurand, le 17/02/2009.

Très bonne année 2009 à tous !

La Tour Eiffel, Présidente de l'Europe

La vie est bien réglée : à Pâques, les chocolats, en juin le bac, en juillet, les vacances, en septembre la rentrée qui arrive toujours trop vite et en décembre Noël avec ses décorations de plus ou moins bon goût. Je tiens à faire remarquer que d’après une observation personnelle, le nombre de Père Noël abandonné sur les balcons ou sur les toits a diminué ! Ce site doit avoir un écho bien plus important que je ne le pensais ! Et enfin pour terminer ma litanie de passages incontournables dans l’année : les vœux du 1er janvier.

J’adresse donc à tous ceux qui liront ces lignes ou visiteront ces pages, tous mes vœux de bonheur, de réussite (au bac mais aussi pour toute autre chose) et de prospérité. Dans ces temps de crise et de morosité, il faut garder le moral et penser que les beaux jours vont revenir vite. D’ailleurs la longueur du jour a augmenté depuis quelques temps : le printemps revient !

Ne pouvant rester sur un texte aussi court, je vais me faire annonceur. Il y a encore, et comme toujours, beaucoup d’expositions à voir à Paris. Il y a toujours Bonaparte et l’Egypte à l’Institut du monde arabe, c’est une très belle présentation qui montre la richesse et le caractère exceptionnel de la campagne d’Egypte de 1799. Dans un registre un peu différent mais tout aussi passionnant, je viens de découvrir une petite expo à la Conciergerie sur les Expositions universelles de Paris de 1855 à 1937. C’est un sujet vraiment intéressant et rarement traité. On va enfin pouvoir contempler une somme de documents sur ces moments si importants de la vie parisienne du XIXe siècle et du début du XXe siècle. La Tour Eiffel, le Grand Palais, le pont Alexandre III… Tout y est, et on voit à travers ces œuvres que Paris n’est pas une capitale comme une autre et qu’au tournant du siècle, Paris est un centre, non… pardon, LE centre du monde. Enfin, il me faut signaler un accrochage vraiment original au Musée d’Orsay dont le titre ne l’est pas moins, « Paris, probable et improbable ». C’est attirant et je vais m’empresser d’y aller.

D’une année sur l’autre, le temps passe mais ma préoccupation ne varie pas. Et je terminerai ce texte en vous souhaitant une année pleine de découvertes artistiques et en réitérant mes espoirs de l’an dernier : seule une vaste culture peut permettre de s’épanouir, de rêver, et de trouver la ressource nécessaire pour surmonter les épreuves que la vie nous réserve.

Olivier Andurand, le 11/01/2009.

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